top of page

Faire face

N°179 - Juin 2005

L’annonce de la Bonne Nouvelle oblige aussi le chrétien et tout particulièrement le missionnaire à s’impliquer dans le quotidien des hommes et des sociétés pour y faire germer la fraternité évangélique. Les acteurs constatent alors que le vivre-ensemble est conflictuel, traversé de contradictions, théâtre de rivalités et de destructions mutuelles, réfractaire au respect des droits de la personne et à l’amour. Il n’est pas spécialement ouvert à l’accueil de l’Autre, au respect de la différence et à l’amour entre les humains. Que faire ? Comment se comporter ?

Faire face ! Ne pas se dérober, se détourner, s’enfuir, dénier, ignorer, refuser, oublier… Mais qui peut faire face ? Comment le faire dans l’éternel combat de David contre ce Goliath qu’est notre monde moderne ?

Certains « petits » l’ont osé, nous dit le DOSSIER de ce numéro : la femme africaine qui a su rompre avec sa tradition pour devenir libre ; le prêtre qui patiemment dénoue les liens de l’angoisse ; le professeur qui s’ingénie à faire réfléchir ses élèves trop souvent laissés sans repères devant les images ou textes violents. Sans parler de ceux qui cherchent à faire face à leurs propres démons.

Le pire ce serait le règne de l’indifférence. En analysant le cas africain, un auteur nous montre comment elle engendre la démission, comment elle ne prédispose pas les intéressés à sortir de leur vision clanique, à « mourir » à cette réalité proche pour faire face à un horizon plus large, à une vie où des projets plus vastes permettent d’avancer vers un développement plus humain. Y aurait-il alors un « devoir de violence » pour s’extraire de cette indifférence meurtrière ?

Jésus, lui, a fait face, tranquillement, courageusement, parce que rien ne comptait pour lui sauf sa mission de révéler le Père, ambition évidemment trop large pour ses auditeurs bien souvent prisonniers de conceptions sclérosées. Il n’a pas refusé le conflit et ses conséquences et a remporté la victoire, fût-ce au prix de son sang. Et pour ses disciples, dans le face à face avec la souffrance et la mort, il s’agit sans doute de désarmer ces réalités en ne les laissant pas nous empêcher d’aimer.

L’ACTUALITÉ fait la part belle à la situation douloureuse des femmes. Les témoignages qui nous sont parvenus émanent surtout du continent africain. Mais ils alertent notre conscience et notre regard pour aller voir de plus près ce qui fait le quotidien des femmes dans nos sociétés, nos communautés.

Les CHRONIQUES nous parlent d’abord de la vie des chrétiens d’Asie. Mais elles évoquent aussi un anniversaire : les trente ans de la parution d’un article de Fabien Eboussi Boulaga, qui avait soulevé beaucoup d’interrogations et d’émotions en son temps. Pendant ces trente ans, l’Église d’Afrique a appris à prendre ses responsabilités et les missionnaires étrangers ont dû revoir leurs positions.

Oui, ce numéro parle des difficiles ajustements toujours en cours dans le travail missionnaire. Ils sont signe d’une Église qui veut faire face, dans la force de l’Esprit, au difficile vivre-ensemble quotidien des hommes et des peuples.

Spiritus

Faire face

Sommaire

ACTUALITÉ MISSIONNAIRE

Anne Marie Mukwanyanzo Mpundu : Ce n’est qu’une fille ! Un problème culturel crucial
Thélesphore Toliton Dikpo : Tel un navire sur une vague en furie
Josée Ngalula : Déstabilisation sociale par agression sur les femmes
Maryse Quashie : Un système éducatif en crise
Marie Murat : « Qu’il est bon, qu’il est doux… »

DOSSIER : FAIRE FACE !

Éric de Rosny : L’escalade de l’angoisse
Denise Wentziger : L’enseignement du fait violent
Micheline Matchum Motouom : Rompre avec les liens ancestraux
Charles Delhez : Prendre la souffrance et la mort sur soi
Joseph Dewez : Pas la paix mais le glaive
Nathanaël Soédé : La violence occulte : l’indifférence
Pierre Lefebvre : Pour aller plus loin

CHRONIQUES

Chrétiens d’Asie, au sujet de 4 livres
30 ans après « la démission », de Fabien Eboussi Boulaga

bottom of page