On pense pour vous
N°183 - Juin 2006
L'actualité de ce numéro est constituée par les réponses à une question posée à un certain nombre de croyants amis en vue du prochain conseil de rédaction de Spiritus, où nous voulons réfléchir sur la pertinence des structures ecclésiales pour la mission d'aujourd'hui et de demain. La question était : « Par quoi votre religion vous fait-elle le plus souffrir ? » Les méfaits d'une certaine résistance au changement et d'un fort attachement au pouvoir y sont clairement énoncés.
Dans la déclaration conciliaire sur la liberté religieuse, « Nostra Aetate » n ° 8, nous trouvons ceci : « De nos jours l'homme est exposé à toutes sortes de pressions et court le danger d'être frustré de son libre jugement personnel. » L'homme peut ainsi être frustré « de son libre jugement personnel » de bien des façons : contrainte physique, ignorance, contexte social peu propice à la réflexion. Mais l'une d'entre elles, et non des moindres, peut être l'imposition d'une sorte de carcan dogmatique, juridique, psychologique par une autorité civile, morale ou religieuse. L'Église elle-même n'est pas totalement à l'abri de cette tentation. Maurice Bellet le dit en termes crus : « Que l'établissement du christianisme politique, ecclésiastique, culturel, ait pu tourner à de telles frénésies d'asservissement, à brûler l'hérétique, massacrer l'infidèle, abrutir les enfants, assommer les pauvres ... ».
Alors, dans le dossier des auteurs s'interrogent : une orthodoxie est-elle nécessairement dogmatique ? Comment le magistère de l'Eglise peut-il aider les chrétiens à devenir pleinement majeurs ? Les religions à fort contenu dogmatique sont-elles inévitablement facteurs de violence ? L'Eglise vit-elle et fait-elle vivre la souveraine liberté que le Christ nous a acquise ? Luther a-t-il servi la cause de la paix et de la liberté ? Quelles conséquences les régimes à parti unique provoquent-ils dans la conscience des peuples ? Comment lutter contre les systèmes clos ? Ainsi espérons-nous cerner quelque peu ce phénomène de la pensée unique, du politiquement correct, du prêt-à-penser qui risque toujours de tuer toute créativité et d'étouffer toute fécondité.
De nombreuses chroniques complètent le numéro : les comptes-rendus d'une réunion continentale africaine à Rome et d'un colloque à Lomé d'abord. Puis un missionnaire du Libéria réagit sur « Deus caritas est » en s'étonnant que certains aspects de la justice et de la libération apportées par le Christ ne soient pas plus présents dans cette encyclique sur l'amour chrétien. Une conférence donnée à des Soeurs missionnaires sur « Eucharistie et mission » nous rappelle la source toujours vive de la vocation missionnaire et son lien avec le mystère pascal. Enfin nous saluons la prochaine naissance, en janvier 2007, d'une nouvelle revue, « Histoire et missions chrétiennes », prolongement et élargissement de « Mémoire Spiritaine ».
D'ici là il y a l'été et les vacances. Nous espérons que vous pourrez prendre un temps de repos et de reprise. Donc, bonnes vacances à tous.
Spiritus
Sommaire
ACTUALITÉ MISSIONNAIRE
Spiritus : Des sources d'inquiétude et de souffrance
Un laïc d'île de France : Dans ma religion ...
Roger Ekoué Folikoué : Une Église trop « prêt-à-porter»
Maryse Quashie : Une Église de la forme
DOSSIER : ON PENSE POUR VOUS !
Jean-Paul Bayzelon : La Vérité n'a pas d'étiquette
Arthur Buekens : Jérusalem, toi qui tues les prophètes ...
Jean-Yves Baziou : Une Église où chaque croyant devient majeur
Matthieu Arnold : La théologie de Martin Luther, un remède contre la violence ?
Joseph Moingt : Les contraintes de la vérité
Octave Broohm : Les pratiques du parti unique et souffrances populaires
Pierre Lefebvre : Pour aller plus loin
CHRONIQUES
L'écoute
L'Eucharistie féconde la mission
Naissance d'une nouvelle revue
Rencontre continentale d'Afrique et des Îles
Dieu est solidaire et subversif